Discours de Laurent Wauquiez au Mont Mezenc 2024

Montée du mont Mézenc 2024
 

Mes amis,
 
Merci, merci à tous, merci d’être venus, d’être là et d’apporter votre énergie.
C’est un immense plaisir pour moi de vous accueillir au Mézenc.

Alors oui, vous êtes très nombreux cette année. Et c’est évidemment un signe : le signe de notre envie de nous rassembler, le signe de notre besoin de nous retrouver, le signe de notre volonté de reconstruire. Après les épreuves traversées, que chacun ait tenu à être présent, c’est le symbole très fort de notre esprit d’équipe.

Il y a ici les amis de Haute-Loire, il y a les fidèles de toute la Région, il y a les militants, il y a nos élus locaux, il y a nos parlementaires, il y a nos sénateurs - je suis si reconnaissant du travail commun -, il y a nos députés et je voudrais que vous les applaudissiez, eux qui ont été élus sur nos convictions sans jamais rien lâcher.

Et puis, je voudrais faire deux remerciements personnels, Annie Genevard d’abord avec son tempérament droit et courageux qui a veillé sur notre famille politique et avec laquelle j’ai toujours tant partagé. Merci Annie. Et bien sûr Bruno Retailleau. Bruno, tu le sais, c’est un plaisir de travailler ensemble dans cette confiance et cette détermination que nous avons trouvées tous les deux, nos deux groupes travaillant côte à côte. C’est la première fois que tu viens et je suis très sensible à ta présence et ton amitié.
Vendredi, nous étions tous les trois à l’Elysée soudés et parlant d’une même voix.
 
Et puis, je ne veux pas oublier Charlotte, sans laquelle je ne suis rien, son regard, sa présence, son soutien me guident et me donnent ma force … Nous nous connaissons depuis que nous avons seize ans et elle est ma plus grande joie.
 
Je vous regarde aujourd’hui, tant de visages familiers … et tant de nouveaux visages. Je vous regarde et je vois une équipe, incarnant ce rassemblement dont la droite a besoin, Je vous regarde et je sens cette rage du cœur sur laquelle se bâtissent les grandes aventures collectives.
Alors vous le savez, ce lieu compte beaucoup pour moi. A la fin de chaque été, c’était un rituel avec maman : nous faisions l’ascension du Mézenc. J’étais tout jeune et j’avais l’impression de gravir le Mont Blanc. Bon, avec le recul, je dois bien admettre que ce n’est pas la montagne la plus impressionnante de France, mais c’est la mienne, elle me parle et je l’aime.
J’aime sa silhouette apaisante, dominée par la croix de Peccata. J’aime le fait qu’ici il y ait à la fois la terre et l’horizon, les racines et le ciel. Que tout soit à la fois grand et apaisant. Comme Pompidou aimait à le dire, je crois à cette politique de l’enracinement qui peut d’autant mieux regarder vers l’avenir qu’elle s’ancre dans une histoire et un paysage.
 
Et vous êtes ici aux confins de l’Ardèche et de la Haute-Loire, au coeur d’Auvergne-Rhône-Alpes !

Au moment où je choisis de passer le témoin dans notre région, je veux remercier toute mon équipe.
Je suis fier qu’avec eux on ait défendu l’industrie française et attiré la moitié des projets de relocalisation de notre pays, je suis fier que nous ayons un des plus bas taux de chômage de France, que nous ayons traité avec le même respect nos grandes villes comme nos plus petits villages, défendu à la fois des grands groupes comme Michelin et soutenu nos artisans ou nos agriculteurs avec la préférence locale, que notre politique ait le souci constant d’encourager ceux qui se donnent du mal comme ces bourses au mérite pour les bacheliers mentions très bien, je suis fier que l’on soit l’un des seuls territoires où l’insécurité dans les trains et les gares aient baissé, que nous ayons réduit le poids de la dette et baissé les impôts et les taxes, tout en défendant nos services publics comme nos hôpitaux de proximité. Et je suis fier que nous ayons gagné la candidature aux Jeux olympiques d’hiver Alpes Françaises 2030 !

Cela montre tout simplement le chemin de ce que pourrait être une France des Régions heureuses, où tout ne se décide pas d’en haut. Je ne crois pas à la politique faite par des élus déconnectés, qui n’ont jamais exercé de mandats locaux et qui croient que la politique se fait sur tik tok à coup de punchlines. Je crois que dans la vie il faut faire ses preuves, échouer, corriger, apprendre, repartir.

 
 
Mes amis, arrêtons-nous d’abord pour regarder la situation du pays. Que nous enseignent les élections législatives ? Le résultat confus de ce scrutin est celui d’un triple rejet. Un rejet de l’impuissance du « en même temps ». Un rejet de l’extrême-gauche reniant les principes de la République. Un rejet du Rassemblement national et de son manque de crédibilité pour gouverner le pays. C’est la réalité : les Français n’ont accordé de majorité à personne. Et je pense que derrière ce vote il y a une attente, l’attente qu’on leur propose autre chose. C’est notre responsabilité de porter ce chemin d’avenir. Et je voudrais vous parler de notre cap pour les mois à venir.
 
Le danger de la France insoumise
D’abord, il faut protéger notre pays. Et je vais le dire d’emblée, la France insoumise est aujourd’hui le plus grand danger politique pour notre pays. Comment qualifier autrement un parti qui prône la haine de la police, qui a rompu avec la laïcité pour pactiser avec l’islamisme, qui appelle au mépris des lois, qui diffuse des messages de haine, et dont certains élus sont fichés S ?

Un parti dont les députés tiennent ouvertement des propos antisémites. Hier encore une synagogue a été attaquée. La responsabilité de Mélenchon est immense dans la banalisation de l’antisémitisme ; lui qui expliquait récemment pour plaire aux intégristes que l’antisémitisme était résiduel en France. La France insoumise a rompu avec les valeurs de la République. Et il faut la combattre.

Il y avait en France une gauche que je respectais, laïque et républicaine, celle de Mendès-France et de Chevènement.  Cette gauche, c’est celle que Mélenchon a trahie.
Je le dis aux gens de gauche sincères, qu’attendez-vous ? Cessez de vous taire et rompez enfin avec les folies de l’extrême gauche. La droite républicaine a assumé ses responsabilités quand il le fallait, j’attends toujours des paroles fortes à gauche pour rejeter l’alliance avec l’extrême gauche qui a fait sécession avec la République.
Et je n’oublie pas non plus les jeux de dupe de Marine le Pen dont le groupe a voté pour la France insoumise à l’Assemblée nationale. Et ce n’est pas un hasard, car le programme économique de Marine le Pen est, à bien des égards, le même que celui de l’extrême gauche : même irresponsabilité et même démagogie.
 
Tout l’été, nous avons eu droit à ce spectacle affligeant d’une extrême gauche revendiquant dans les médias une victoire qu’elle n’a pas obtenue dans les urnes. Ils tentent d’imposer leur diktat, avec comme première ministre une candidate dont le seul titre de gloire est d’avoir ruiné la ville de Paris. Alors que les Français demandent davantage de sécurité, moins d’immigration, moins de fiscalité et une meilleure reconnaissance du travail, on se retrouverait avec un gouvernement qui ferait exactement l’inverse ?
 
 
La France insoumise est un danger pour la France et une menace pour la République. Nous ne les laisserons pas faire. C’est notre responsabilité et nous l’assumerons : nous ferons barrage à la France insoumise. Les Français n’ont pas voté pour installer Mélenchon à la tête du pays.
 
 
Notre cap
Et nous ne serons jamais du côté des extrêmes qui bloquent le pays et rêvent de transformer l’Assemblée en Colisée en espérant que leur heure viendra : c’est un comportement irresponsable.
Avec les sénateurs et les députés, nous avons travaillé à un pacte législatif autour de mesures de bon sens : revenir sur l’excuse de minorité pour les mineurs délinquants, faire adopter enfin une vraie loi sur l’immigration, lutter contre la bureaucratie pour retrouver des services publics qui fonctionnent, assumer un programme d’économies contre le gaspillage de l’argent public. Nous avons aussi fixé nos lignes rouges : aucune augmentation d’impôts et pas d’économies faites sur le dos des retraités.
Nous défendrons nos idées et nous voterons les lois qui iront dans le bon sens.
 
 
Une priorité : reconstruire notre pays autour de la reconnaissance du travail

Et ce chemin, mes amis, j’en ai la conviction, il se construira autour d’une priorité : le travail, le mérite et l’effort.
Car voilà une bien étrange folie, plus personne ne parle de travail.
On nous parle de chèques faits d’argent magique. Des chèques en bois payés en fin de compte par la France qui travaille.
La gauche a repris son obsession de la baisse du temps de travail et de la surtaxation de tout.
Marine le Pen, ne vous y trompez pas, quant à elle, s’indigne que l’on songe à demander des heures d’activité en contrepartie du RSA, idée que j’ai toujours défendue.
Il est temps d’ailleurs de dénoncer cette mystification. Bien des artisans, des commerçants, des agriculteurs, des ouvriers votent de bonne foi pour elle en pensant qu’elle défend le travail, alors qu’elle défend l’assistanat et qu’aucune de ses propositions ne consiste à revaloriser le travail.
Ce combat pour la revalorisation du travail, c’est pour moi un engagement ancien et je veux vous raconter quand j’en ai pris conscience. J’étais jeune député et nous discutions avec une amie d’Yssingeaux qui travaillait pour l’ADMR où elle s’occupait de personnes âgées, ses enfants faisaient leurs études à l’université et elle qui avait un salaire modeste n’avait droit à aucune aide … parce qu’elle travaillait. Il y avait chez elle du découragement et de l’incompréhension. Depuis, je n’ai jamais cessé de me battre pour cette reconnaissance du travail.

Car, il faut le dire, celui qui travaille n’est pas reconnu, qu’il soit fonctionnaire, agriculteur, chef d’entreprise ou profession libérale. Et tous nos problèmes en découlent : le pouvoir d’achat, l’écœurement des classes moyennes, le décrochage économique, les dettes de notre système social … tout renvoie à ce nœud gordien. Nous avons oublié cette réalité essentielle : le principe fondamental, pour qu’un pays fonctionne, c’est que le travail, l’effort, le mérite doivent être reconnus.
Que s’est-il passé ? Au lendemain de la seconde Guerre mondiale, la France a bâti un système social pour tous ceux qui travaillaient et surtout les plus modestes, pour pouvoir élever leur famille dans des conditions décentes, avec une santé accessible à tous et une école ouverte à tous. Les aides étaient temporaires, le temps que les gens retrouvent un travail, et  la méritocratie apportait en plus une promesse de progrès : chacun pouvait s’élever par son travail s’il s’en donnait la peine.
Mais avec l’explosion du chômage dans les années 80, tout a changé. Au lieu d’aider les gens à retrouver un travail, les aides ont été multipliées, sans contrepartie, et pour les financer, nous avons augmenté les charges, oubliant le bon précepte du laboureur de la Fontaine : avant de répartir la richesse, il faut créer de la valeur.

 
 
Eh bien, mes amis il faut faire tout l’inverse et remettre la reconnaissance du travail comme premier critère de justice.

Aujourd’hui, il faut le dire, notre système social  n’est plus juste, parce qu’il confisque toujours plus d’impôts et parce qu’il laisse toujours moins de revenus à ceux qui travaillent.

Alors, on me dit les Français ne veulent plus travailler. Je vais vous dire ce que moi je pense : ce ne sont pas les Français qui ont perdu le sens du travail ; c’est le travail qui a perdu son sens.
Celui qui va travailler devrait toujours gagner nettement plus que s’il restait chez lui. C’est l’évidence ; mais ce n’est pas la réalité en France. Ne l’oublions jamais : quand on reprend un travail, on commence par perdre, perdre des aides, perdre des avantages ; on commence aussi à payer, payer des impôts, payer des charges ; et il faut se déplacer et faire garder ses enfants.
Certains se sont indignés quand j’ai dit que ceux qui travaillent doivent être prioritaires pour le logement social. Eh bien, je le maintiens. Il faut discuter avec des infirmières en Ile-de-France qui font des heures de trajet chaque semaine parce qu’elles ne peuvent plus se loger près de l’hôpital. Au nom de quoi celui qui travaille n’est jamais prioritaire dans notre pays ? Voilà une proposition de notre pacte législatif.
 
 
 
 
Parce que je vais vous dire, pour moi, le plus grand scandale dans notre pays,
ce sont les travailleurs pauvres.
On ne peut plus accepter qu’on soit « en même temps » travailleur et pauvre.
 C’est à mes yeux la pire des injustices. Le travail doit redevenir une promesse pour tous : celle de pouvoir vivre décemment du fruit de ses efforts.


Je pense à tous ces métiers de première ligne – caissiers, aides-soignants, commerçants, agriculteurs… - trop souvent condamnés non pas à vivre, mais à survivre de leur travail. Sur 100 euros tirés d’un travail supplémentaire, 56 euros sont accaparés par l’État. C’est cela qui doit changer. Florent Menegaux le dirigeant de Michelin a eu raison de poser la question du salaire décent : ce qui compte ce n’est pas le SMIC c’est d’avoir un salaire décent pour élever sa famille.

Pour cela, il faut détaxer le travail pour augmenter les salaires. Notre pays a perdu beaucoup trop de temps depuis 10 ans et les injustices se sont creusées. Quand François Hollande a supprimé la défiscalisation des heures supplémentaires, nous avons tous compris que la gauche aimait tellement les pauvres qu’elle faisait tout pour qu’ils le restent.

Mais attention, il n’y a pas d’argent magique. Pour détaxer massivement le travail, il faudra revoir notre système social de fond en comble. Plus de contrôles sur les abus, moins de charges sur le travail. Chaque euro économisé devra servir à baisser les charges.

Par le passé, quand la droite parlait de notre système social, elle donnait le sentiment de vouloir le démanteler.

Moi je ne veux pas le démanteler, je veux le sauver.
 
Bien sûr, cette approche du travail doit s’accompagner d’une bien plus grande souplesse pour s’adapter aux nouvelles générations ; ceux qui travaillent à un endroit, mais veulent pouvoir élever leur famille à un autre, offrir des horaires plus flexibles, permettre une meilleure modulation du travail selon la période de sa vie. Tout ce qui permet de mieux concilier la vie personnelle et professionnelle. Ne soyons pas une droite rétrograde. Les jeunes générations se contrefichent des statuts, ils veulent juste que les choses soient plus simples, plus souples.
 
Cela s’appelle réinventer notre contrat social. C’était la belle expression de Rousseau, lui qui a écrit dans notre région, et qui n’a jamais été aussi heureux qu’au bord du lac du Bourget. Rousseau, dans ce XVIIIe des Lumières, qui réfléchissait à la démocratie a cherché ce qui permettait d’unir les citoyens. Et sa réponse dans le Contrat social est le travail. Par le travail, chacun contribue au bien commun, mais en sens inverse, il faut que son travail soit reconnu et récompensé. Eh bien, c’est ce contrat social qu’il faut retrouver.

Notre contrat social doit redevenir la récompense du travail :
quand on travaille, on doit pouvoir vivre dignement ;
quand on reprend un travail, on est aidé ;
quand on abuse des aides, on est sanctionné ; 
quand on se donne du mal, on est récompensé ;
quand on a travaillé toute sa vie, on a droit à une retraite décente.

Un contrat social juste parce qu’il reconnait le travail, le mérite et l’effort.
 
Cette promesse-là peut réunir les Français. Il y a tant de tensions et de fractures aujourd’hui dans la société et certains politiques en font leur fonds de commerce.
 Nous, nous devons réconcilier. C’est le devoir de la droite républicaine. Il faut réconcilier la France, celle des grandes villes et celle de la ruralité, celle qui réussit et celle qui se donne du mal. Le travail est un ciment de cohésion. Qu’est-ce qui unit l’athlète français qui a défendu nos couleurs aux Jeux olympiques, l’agriculteur du Cantal, le start upeur d’une métropole, le jeune de quartier qui essaye de s’en sortir en lançant son commerce ? C’est leur volonté de réussir par leur effort et leur travail.
 

Une ambition : reconstruire la droite pour relever la France
Mes amis, ici au Mézenc, j’ai tant de souvenirs. C’est la treizième ascension que nous faisons ensemble et pourtant elle sonne comme une première, la première pierre pour reconstruire la droite et relever la France.
Regardez, en quelques semaines, tout le chemin parcouru : nous avons restauré un esprit d’équipe, nous avons retrouvé le plaisir du travail en commun, nous avons porté nos propositions, nous combattons les dérives de la France insoumise et nous sommes aujourd’hui l’une des seules forces de raison dans une politique devenue folle.
 
On nous disait voués à disparaître, nous sommes là.

On nous disait condamnés aux compromissions, nous portons fièrement nos convictions.

On nous dit aujourd’hui impossible d’ouvrir un nouveau chemin, eh bien nous le ferons.

Oui, la droite française a pu, par le passé, se diviser, décevoir et échouer : arrêtons de nous diviser, faisons émerger de nouveaux talents, reconnaissons nos erreurs, rebâtissons de fond en comble une nouvelle droite, défendons nos convictions pour apporter enfin un nouveau souffle à la France !

On ne va pas laisser le pays dans l’impuissance, je ne veux plus que les Français votent par colère ou par défaut. Il y a une immense attente. Il faut retrouver l’espoir et l’envie. 

Mes amis, voilà la grande bataille. C’est une bataille magnifique, la seule qui redonnera son sens à la République. La vraie, la plus forte promesse de la République en France, elle est là : quelle que soit sa famille, quel que soit son métier, quel que soit l’endroit où l’on vit, la République doit réaliser la promesse que celui qui se donne du mal sera soutenu, pourra réussir, pourra veiller sur ses enfants et assurer le progrès de sa famille par son travail.

C’est cela le vrai sens de la France. 
 
Nous avons entre les mains toutes les clefs du sursaut : l’esprit d’équipe, l’esprit d’audace, l’esprit de conquête. Notre pays a en lui toutes les forces pour reprendre l’aventure française. Nous allons y consacrer toute notre énergie. En avant mes amis, pour que revive la République et que vive la France.

 
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